Lyrique passage
J'ose croire que j'avance. J'ai encore les mains tachées par le passé, mais c'est l'avenir qui ferme mes paupières lorsque le jour s'écroule. Je ne sais pas dire adieu. Dans mes songes toujours les silhouettes aimées viennent jeter leurs sourires au flot des souvenirs, mais lorsque l'aube éclot c'est bien à l'avenir que j'offre mon visage. Je ne peux oublier ni les jardins d'enfance ni les mains effleurées, et le sucre qui coule à mes lèvres rougies me rappelle une époque où le bonheur était à l'ombre de mes pas. Mais le lyrisme hélas ne saura pas bâtir des lendemains heureux, et je n'écrirai pas de poésie morose pour me plaindre d'une vie que je ne construis pas. Il reste tant d'erreurs à faire et à refaire, tant de figures chéries à retrouver encore, tant de langages absurdes à brandir poings liés. J'ose croire qu'il y a une vie, après une vie.