Sur la vie qui se dépasse
à un pas de toi un pas de là à rien de toi pas même l'espace puisque tout s'étouffe dans ta gorge mouillée de larmes j'ai avalé un océan avant de vomir des coraux voici pourquoi j'ai tous les chants des sirènes au bout de la langue et rien ne vient pourtant pas même pas toi pas d'espace ni ton regard pour me sauver
où sont passés tes bras je n'ai aucun endroit où allonger mon corps je n'ai aucun moyen de ne pas m'abîmer dans l'abysse nocturne cette angoisse au ventre qui doucement remonte et mes lèvres en tremblant ont découpé le monde j'ai creusé jusqu'au centre des univers et il n'y avait rien
que ce vide absolu ce néant enflammé où les amants terribles osent plonger lorsque vient mais lorsque vient quelle chose quel être quelles que soient nos vies à quoi bon s'immoler puisque l'enfer enfin saura bien nous attendre
avec ses grands seigneurs ses chaudrons rutilants ses supplices modernes
et verrons-nous enfin à l'heure de tout quitter une teinte nouvelle dans le fond du décor saurons-nous distinguer de notre quotidien les ténèbres sacrées qui viendront nous saisir
j'ai peur de ne savoir reconnaître le noir quand s'éteindra le jour
j'ai peur de ne trouver dans les royaumes obscurs qu'un ennui éternel